CHAPO Jeudi dernier, a eu lieu, à Paris, la 1ère édition de L’Atelier des Préventeurs, organisé par Expoprotection en partenariat avec l’Assurance maladie-Risques professionnels. Une journée riche en débats et expériences vécues sur le terrain par les préventeurs en entreprise.
 
Au-delà des thèmes abordés dans le cadre des quatre ateliers auxquels ont pu assister activement une centaine d’auditeurs, cette journée a surtout eu pour intérêt de dresser un tableau précis des rôles et missions des préventeurs et autres responsables HSE dans leur entreprise. Les débats ont ainsi rappelé à quel point le rôle d’un dirigeant d’une entreprise est important pour insuffler et soutenir une véritable démarche de santé et sécurité au travail et de prévention des risques professionnels. Ce qu’a d’ailleurs souligné Frédéric Proux, responsable HSE chez Leroy-Somer : « En matière de prévention, l’engagement au plus haut niveau est primordial. Tant celui de la direction générale que celui des directeurs de sites. Sans lui, il est difficile pour un préventeur de mener à bien sa mission ». Point de vue confirmé par Elsa Giordanengo, fondatrice du cabinet Comes : « La mission d’un consultant lorsqu’il intervient dans une entreprise en soutien d’un préventeur est de l’aider à faire comprendre au management qu’il doit être exemplaire en matière de sécurité et santé au travail. Or, les managers ont souvent du mal à percevoir leur rôle dans le système de management de la sécurité. Tant du point de vue technique, que de celui du respect des règles et des comportements à adopter sur le terrain. Cet engagement du management est le vrai palier de la sécurité. Si le management s’engage, les entreprises franchissent souvent un cap très net en matière de prévention ».

INTER Le pompier de service…
Au cours de l’après-midi, Denis Declerck, directeur industriel et commercial chez Favi, a exposé à l’assistance la conception de sa société en matière de sécurité. Favi a mis en place des mini-usines, petites structures qui permettent de gérer au plus près des équipes de travail les problématiques de sécurité. Cela permet aussi d’aider à la remontée d’informations, à l’échange des bonnes pratiques…

Mais, il est surtout apparu au cours des débats que le préventeur en entreprise était perçu comme la personne sur laquelle on se décharge de tout ce qui concerne la sécurité et la prévention. Cela peut en soi paraître logique mais peut être à l’origine d’une réelle souffrance au travail pour les préventeurs qui sont alors pris entre l’enclume et le marteau, entre des contraintes purement liées à la sécurité et celles que leur impose une direction par toujours au fait de ce que recouvre réellement la prévention des risques. Une fois encore, et c’est Jéhanne Essa, responsable du développement sécurité et santé au travail chez un leader mondial des matériaux de construction en Nouvelle-Aquitaine, qui a insisté là-dessus, « les managers doivent apprendre le rôle du préventeur et comprendre quel est leur rôle - à eux managers - dans la chaîne de prévention ».

INTER Des freins à la mission des préventeurs
Les cadres en charge de la sécurité et santé au travail dans les entreprises doivent donc faire face à des freins réels à leur mission. Constat corroboré par une enquête réalisée à l’occasion de cette journée et dont les résultats ont été partagés avec l’assistance. Ces freins sont de divers ordres. Arrive en tête, le manque d’implication de la direction et des managers, suivi par la résistance au changement. Résistance souvent induite par la culture de l’entreprise. Les préventeurs soulignent également le manque de cohérence entre un discours « sécurité » affiché par la direction de leur entreprise et les faits. Il faut aussi souligner que trop souvent encore, le préventeur est perçu comme un empêcheur de tourner en rond, « un générateur de contraintes et d’obligations ».

A la fin de cette journée riche en enseignements, on pouvait se faire aisément une idée de la façon dont on perçoit, à tort, le préventeur. Il est encore trop considéré comme un « urgentiste », un expert vers lequel on se tourne en cas de souci. Et non comme une personne ressource, dont les compétences doivent venir en soutien de tous les collaborateurs - simple technicien ou cadre dirigeant - au service d’une stratégie de prévention claire et réellement appliquée.