Reprise d’activités. Vers des règles sanitaires plus souples et plus simples ?
Le président de la République a insisté dessus dimanche soir : « Il faut travailler plus ». Afin de permettre aux entreprises de répondre aux injonctions du chef de l’Etat, le gouvernement, et plus particulièrement le ministère du travail, songerait à alléger les règles sanitaires qui s'appliquent dans l'espace de travail. Les pouvoirs publics répondraient ainsi aux souhaits du patronat qui, par la voix du président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, avait fait par des ses inquiétudes quant au surcoût des mesures sanitaires. En l’occurrence : le coût des gels et masques et l’impact des nouveaux modes de travail sur la productivité…
Le président du Medef avait aussi, dans les colonnes de notre confrère Les Echos, demander « une révision et un allégement des 60 protocoles sanitaires mis en place dans l'urgence pendant le confinement pour les entreprises ». Demande réaffirmer lundi 15 juin par François Asselin, le président de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises).
Des règles très strictes et complexes…
Pour l’instant, afin d’appliquer les mesures sanitaires, les entreprises doivent s’appuyer sur les règles du « Protocole national de déconfinement »publiées le 3 mai par le ministère du Travail. Et ces règles sont précises et strictes. Elles imposent, par exemple, que tout salarié doit pouvoir jouir d’un espaces des 4 m² autour de lui. Or, si dans certains cas, comme l’exemple des librairies présenté dans le protocole (« en considérant que les rayonnages représentent un encombrement de 40 %, il reste 60 % de surface résiduelle disponible pour les clients et le personnel. Pour 60m² de surface disponible, la jauge maximale de 4m² par personne permet d'accueillir dans le magasin: 60/4= 15 personnes »), pour d’autres lieux et espaces de travail, elles sont beaucoup plus complexes. La preuve ? Prenons le cas des open spaces, aussi extrait du protocole : « un open-space a une salle de réunion de 100m² et 3 petites salles d'isolement de 30 m² chacune. La surface dédiée aux circulations est de 100 m². La surface résiduelle est donc de: 700 –(4x50)–(50x1,5)–100 –(3x30) –100 soit=135 m². La jauge maximale est donc égale à (Sr/4):135 / 4 =33 personnes »… Courage…
Le télétravail n’a pas vocation à durer
A ces calculs s’ajoutent la nécessité de fournir aux salariés des masques, du gel hydro-alcoolique, d’organiser les flux de circulation sur les sites et dans les locaux, définir de nouveaux plannings… Autant de mesures parfois complexes et qui nuisent la productivité… Pas étonnant, dans ces conditions, que certains employeurs voient dans le télétravail une solution à leurs problèmes. Or, rappelons-le, le télétravail ne peut pas être une fin en soi. Et encore moins pour des raisons d’économie. L’INRS a d’ailleurs appelé à la vigilance en matière de télétravail car quels que soient ses avantages, « le télétravail nécessite préparation et accompagnement car, sans ces précautions, il peut être source de risques et générer des atteintes à la santé et à la sécurité des salariés. » Ainsi, comme le souligne Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, « le télétravail n’a pas vocation à durer »…