Se former en matière de santé et sécurité au travail ne s’improvise. On ne forme pas de la même manière un dirigeant, un préventeur, un représentant du personnel ou un salarié. Par ailleurs, une formation, quelle qu’elle soit, doit respecter certains prérequis.

Parlons déjà des différentes populations. Un dirigeant, un manager, un préventeur, médecin du travail, IPRP, un élu du CSE, etc. ne relève pas des mêmes formations.

Si l’on se place en amont sur la formation initiale, le futur ingénier ou diplômé d’une école de management doit acquérir les fondamentaux de la SST. Le Dirigeant, le manager n’a pas vocation à être un spécialiste de la SST. Par contre il doit comprendre la place de ce domaine et l’impact sur ses pratiques de direction et de management. Il doit être en situation de répondre à l’obligation générale de sécurité qui est faite à l’employeur et comprendre le lien entre performance SST et l’amélioration de la performance globale de son entreprise.

Un préventeur, un IPRP, un hygiéniste, conseiller d’un employeur doit lui posséder toute la compréhension de la place de la SST dans un ensemble plus vaste qu’est une entreprise et les attentes de ses parties prenantes à travers sa RSE, maitriser la connaissance des dangers les plus couramment rencontrés et la gestion des risques associés, connaitre les attendus de la démarche d’EValuation des Risques Professionnels.

Exemples de formations à mettre en œuvre

Si l’on se réfère à des formations reconnues en matière de SST, le Retour d’EXpérience qu’il est possible d’opérer sur plusieurs dizaine de milliers de managers formés est le suivant.

• Pour les Dirigeants et managers, mais aussi les élus du CSE, et les médecins du travail, une formation courte « Les fondamentaux pour exceller en SST » d’environ 8 h présentant les meilleures pratiques relevant de l’employeur pour exceller en SST, avec la compréhension du pourquoi cela améliorera la performance globale de son entreprise. Ces pratiques concernent les aspects techniques, les aspects organisationnels, les aspects relatifs aux choix et mise en poste des managers et la posture de ces derniers (posture créatrice de performance et de santé), et enfin comment développer une culture SST, qui s’élargira à une culture de l’excellence, de chaque acteur, quel que soit son niveau, de chacun des métiers présents dans l’entreprise.

• Pour les spécialistes de la SST, conseilleurs de l’employeur, plusieurs formations sont nécessaires pour leur permettre d’exercer leurs missions, afin qu’elles ne soient pas ressenties par les dirigeants et managers comme « le poil à gratter » de l’entreprise, mais au contraire comme un facilitateur pour l’atteinte de TOUS les objectifs.

Un continuum à respecter

Ce continuum de formation, si l’on regarde là encore les meilleures pratiques (par exemple issues du Cnam Paris) peut être le suivant :

• « L’entreprise et son environnement » : environ 40 heures, pour comprendre l’environnement de l’entreprise, notamment les attentes de ses parties prenantes à travers sa RSE, les opportunités et les risques qu’elles doivent affronter et la démarche risk management, au sein de laquelle les risques SST, l’environnement normatif et la compréhension qu’il faut en avoir (et les erreurs à éviter : manager la qualité, manager l’environnement, manager la SST, manager l’égalité H/F, etc.) avec par exemple le modèle très intégrateur EFQM (European Fundation for Quality Management) pour situer la place de la SST, qui n’est qu’un domaine parmi d’autres que la Direction et ses managers doivent mettre sous contrôle,

• « L’Evaluation des risques professionnels » pour comprendre et maitriser une telle démarche : quelles méthodes pour quels résultats, celles qu’’il vaut mieux retenir ou celles qu’il vaut mieux éviter et pourquoi, les meilleures pratiques en la matière pour la mettre en place. Avec évidemment ce qui touche à son produit de sortie initial, le Document Unique et bien sûr le produit de sortie final : le plan d’action (comment y arriver) et l’amélioration de la maitrise des risques sur lesquels il y a eu actions,

• « Connaitre les risques professionnels de l’’entreprise » pour s’approprier en environ 96 heures les principaux dangers rencontrés en entreprise (électricité, RPS, chimiques et CMR, travaux en hauteur, etc. : cf liste de l’INRS) et les risques associés, avec les combinaisons possibles, et savoir comment agir pour supprimer, à défaut améliorer leur maitrise.

• A retenir : La SST n’est pas un domaine à part.

C’est une des composantes du travail. Si vous ne parvenez pas à mettre vos salariés au travail sans les « abîmer », c’est qu’en tant qu’entreprise, vous avez quelque part des problèmes non maîtrisés et non résolus… En effet, quels que soient les dangers relatifs aux activités d’une entreprise, il n’y a aucune raison d’en accepter les risques, le risque étant la résultante d’une exposition à un danger. C’est donc bien le professionnalisme de l’entreprise et par conséquent les pratiques de direction, de management et celles liées au travail et à la production (produits et services) qu’elle retient, qui lui permettra de gérer TOUS ses risques, notamment ses risques vis-à-vis de la santé de ses salariés ou prestataires, et qui fera qu’elle n’aura pas d’accidents ni de maladies professionnelles. C’est le même professionnalisme (et les mêmes pratiques !) qui sera mobilisé pour maîtriser ses accidents de qualité des produits ou services, le respect de l’environnement lorsqu’elle réalise ses activités, le respect de l’éthique, la corruption, l’égalité hommes/femmes, l’accueil de personnes ayant à vivre des situations handicapantes, le respect des coûts et des budgets dans lesquels s’inscrivent ses activités, etc. Du coup le mot « accident » et « maitrise des risques » sont donc à prendre dans leur acception la plus large.

• A retenir

Pour les spécialistes de la SST, conseilleurs de l’employeur, plusieurs formations sont nécessaires pour leur permettre d’exercer leurs missions.

Crédit photo : © Getty Images