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Santé & Sécurité au Travail 15 avr. 2025 11:51:17

SST : La France en retard

Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a récemment présenté une étude consacrée à la santé au travail en France, soulignant le retard du pays en matière de prévention des risques professionnels. Dans ce document, le Conseil prêche pour une mobilisation accrue de l’ensemble des acteurs, avec pour objectif de transformer en profondeur la culture de prévention dans le monde du travail.

Malgré des constats déjà largement documentés, l’étude offre une nouvelle synthèse claire des problématiques actuelles. Elle aborde ainsi des thématiques variées : impacts du dérèglement climatique, multiplication des vagues de chaleur, télétravail, santé mentale, montée de l’intelligence artificielle, management vertical, rythmes de travail accélérés... Et revient également sur des recommandations déjà formulées auparavant, telles que la reconnaissance du rôle central des travailleurs dans l’identification des risques professionnels.

L’étude du Cese intervient dans un contexte où la santé au travail est de plus en plus perçue comme un enjeu sociétal global, dépassant largement le cadre de l’entreprise. Le rapport insiste sur la nécessité de changer d’échelle dans la prévention et de l’intégrer pleinement aux politiques publiques. Il rappelle que les conditions dans lesquelles le travail est exercé peuvent être délétères, et qu’il ne s’agit pas simplement de rendre le travail agréable, mais bien de garantir qu’il soit exercé dans un environnement sain, sécurisé et équilibré.

La ministre du Travail, qui a annoncé il y peu le renvoi sine die de la conférence sur la santé au travail et les conditions de travail annoncée pour le printemps, a salué les conclusions du Cese et exprimé son intention de poursuivre les travaux en lien avec le futur 5ᵉ Plan Santé au Travail. Même si la grande conférence nationale sur la santé au travail prévue au printemps a été reportée, elle a affirmé que la stratégie du gouvernement restait inchangée. Plusieurs actions sont en cours, notamment en lien avec les branches professionnelles les plus exposées aux risques, comme l’intérim ou le BTP. Des discussions sont en cours pour améliorer la prévention des accidents graves et mortels, en lien avec des organismes spécialisés tels que l’Anact et l’OPPBTP.

Sinistralité élevée en France

L’étude alerte également sur le niveau élevé de sinistralité en France, qu’il s’agisse d’arrêts maladie, d’accidents du travail, de maladies professionnelles ou de décès. Une partie importante de ces accidents est jugée évitable, mettant en lumière les limites actuelles du système de prévention, notamment en matière de prévention primaire. Le Conseil estime qu’un changement de paradigme est nécessaire : plutôt que de se contenter de réparer après coup, il faut agir en amont sur les causes structurelles.

Un autre axe majeur du rapport concerne la santé mentale au travail, désignée comme un enjeu prioritaire pour les années à venir. L’étude identifie trois causes principales à la souffrance psychologique des salariés : l’organisation du travail, les conditions dans lesquelles celui-ci est exercé, et les méthodes de management. Elle dénonce des pratiques managériales trop descendantes, autoritaires et rigides, peu adaptées aux enjeux contemporains. Ces méthodes sont souvent aggravées par la pression temporelle et les exigences croissantes de performance.

« Hyperaccélération » du travail

Le phénomène d’hyperaccélération est également pointé du doigt. Il s’agit d’une tendance croissante à vouloir accomplir davantage de tâches en un temps toujours plus réduit, dans un environnement caractérisé par l’instabilité, la complexité et l’incertitude. Ce qui engendre surcharge mentale, stress accru, épuisement progressif des salariés…

L’une des clés proposées par l’étude est d’agir directement sur les conditions réelles de travail, en repensant leur organisation, en améliorant les pratiques managériales, et en réintégrant la prévention dans les stratégies des entreprises. La prévention ne doit pas être perçue comme une contrainte ou un coût supplémentaire, mais comme un levier pour améliorer à la fois la santé des salariés et la performance globale des organisations. Sans une approche structurée et proactive, les problèmes de santé au travail continueront à peser lourdement sur les individus, les entreprises et la société dans son ensemble.

Le gouvernement semble vouloir s’inscrire dans cette dynamique, en prévoyant un renforcement de la coopération entre les ministères du Travail et de la Justice concernant les accidents graves et mortels. Il souhaite également capitaliser sur les initiatives mises en place dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, notamment via la charte sociale, pour établir des standards plus élevés en matière de prévention.

Enfin, un volet important du plan d’action gouvernemental sera dédié à la santé mentale. Il s’agira de mieux prévenir les risques psychosociaux, y compris ceux émergents liés au télétravail, à l’intelligence artificielle ou encore à la surcharge informationnelle. Ce plan vise à faire de la santé mentale au travail une priorité nationale et à inclure ce sujet de manière transversale dans les politiques publiques de santé et d’emploi.

Photo d’illustration © Getty Images

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