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Formation, Audit & Conseil 3 nov. 2025 12:52:01

Repères concernant les indicateurs en SST

Une bonne gestion requiert des indicateurs adaptés, mesurant l’atteinte des objectifs quantitatifs (lagging) et qualitatifs (leading). En santé et sécurité au travail, divers indicateurs existent, certains suivis réglementairement dans le bilan social.

Fixer des objectifs et choisir des indicateurs

Fixer un objectif suppose de définir les indicateurs permettant d’évaluer son atteinte, même si la mesure parfaite est rarement possible. Parfois, un faisceau d’indices est nécessaire pour apprécier les progrès. Cependant, concevoir un indicateur représente un investissement important : il faut le définir, le construire, collecter et traiter les données, en assurer la fiabilité et interpréter correctement ses évolutions. D’où la nécessité d’en évaluer la réelle pertinence avant sa mise en place.

Si le couple objectif/indicateur favorise souvent l’amélioration, il génère aussi des effets pervers : le risque est de « manager l’indicateur » plutôt que le domaine. En santé et sécurité au travail, cela conduit à piloter le taux de fréquence au lieu de développer la prévention. Ces comportements produisent des « indicateurs pastèques », verts en apparence mais rouges en profondeur, traduisant une réalité masquée. D’où l’importance de vérifier la fiabilité des données et de challenger les reportings pour éviter tout biais de lecture.

La fixation d’objectifs doit toujours s’accompagner de la possibilité d’en mesurer l’atteinte. Le choix d’indicateurs dépend donc des méthodes d’évaluation disponibles : combiner plusieurs indicateurs renforce la pertinence des analyses en multipliant les points de vue sur la même situation.

Le système de motivation joue également un rôle clé. Associer une pondération à chaque indicateur permet de valoriser partiellement les résultats obtenus. Par exemple, si 80 % de l’objectif est atteint, on peut considérer que la contribution réelle représente 50 % de la performance. Cette approche managériale valorise la progression et renforce la dynamique d’amélioration continue.

Enfin, un bon objectif doit respecter les critères SMART : être Simple, Mesurable, Acceptable d’un point de vue éthique et réglementaire, Réalisable et borné dans le Temps, garantissant ainsi la cohérence et l’efficacité du pilotage.

Les deux grands types d’indicateurs

Deux types d’indicateurs permettent d’appréhender la gestion des risques professionnels de façon globale : ce sont les “leading” et “lagging” indicators.

> Les indicateurs « rétroviseurs » ou lagging indicators

Un indicateur “lag” est un indicateur « rétroviseur » (ou indicateurs de résultats ou réactifs) qui permet de mesurer un résultat par rapport à un objectif souhaité. Ils sont utilisés pour comptabiliser et suivre les défaillances telles que les accidents du travail, les maladies professionnelles ou les incidents graves. Exemple : nombre d’accidents du travail avec arrêt, nombre de maladies professionnelles déclarées/reconnues, etc. .

Le résultat d’une production en toute SST signifie ne pas enregistrer d’événement qui atteignent à la santé des salariés, donc pas d’accident du travail ni de maladie professionnelle.

Voici quelques exemples d’indicateurs fréquemment rencontrés en entreprise qui rende compte du résultat visé : taux de fréquence, taux de gravité, taux de décès, taux d’absentéisme maladie professionnelle/accident du travail.

Se rappeler qu’il faut un résultat sous forme de taux, c’est à dire rapporté à une constante (exemple : nombre d’heures travaillées, ce qui traduit le temps d‘exposition aux risques) pour permettre les comparaisons d’un exercice sur l’autre, voire entre entreprises. Un nombre absolu en effet ne permet pas les comparaisons.

> Les indicateurs proactifs ou leading indicators

Un indicateur “lead” est un indicateur qui permet de prédire le résultat qui sera atteint dans l’avenir. Les “leading indicators” (ou indicateurs d’alerte, d’anticipation, proactifs ou d’apprentissage) visent « à projeter, à anticiper la performance globale du système. Ils prennent en compte des facteurs en amont ayant une incidence sur la survenue de l’accident ou de la maladie professionnelle. (...) Ils fournissent des informations sur le niveau de performance d'un Système de Management de la Santé-Sécurité au Travail avant qu'un accident ou incident ne se produise. »

Selon la définition donnée par l’INRS, ils sont utilisés pour vérifier de manière systématique que les actions d’anticipation sur les défaillances sont menées dans de bonnes conditions. Exemple : nombre de personnes formées à la SST ; nombre de suggestions du personnel relatives aux améliorations en matière de SST ; etc.

Pertinence des indicateurs

La fixation d’objectifs et d’indicateurs adaptés à chaque niveau de management est essentielle pour intégrer la prévention dans la gestion quotidienne. Cependant, appliquer uniformément un objectif global, comme une baisse de 20 % du taux de fréquence (Tf), à toutes les filiales ou métiers, est incohérent. En effet, la contribution et le niveau de performance de départ de chaque entité diffèrent : une même réduction en pourcentage ne représente pas le même effort selon qu’une activité part d’un Tf de 5 ou de 20.

De plus, la signification statistique du Tf n’est valable qu’à partir d’un échantillon d’environ 1 200 personnes. En dessous de ce seuil, les évolutions observées perdent leur valeur d’interprétation. Plus la taille d’un collectif est petite, plus l’intervalle de confiance autour du résultat est large, rendant les variations d’une année sur l’autre aléatoires et non significatives. Ainsi, une amélioration ou une détérioration apparente du Tf peut simplement résulter de fluctuations statistiques, sans lien réel avec la performance en matière de sécurité. Ce phénomène explique pourquoi, dans de petites structures, les résultats varient parfois sans cause identifiable, ou se dégradent malgré des efforts constants.

À l’inverse, dans les grands groupes, où les effectifs sont de plusieurs centaines de milliers de salariés, la taille importante de la population réduit fortement l’intervalle de confiance. Toute évolution du Tf devient alors fiable et interprétable comme une véritable amélioration ou dégradation des résultats.

Ces constats montrent que la pertinence des indicateurs dépend du niveau hiérarchique auquel ils sont appliqués. Plus on descend dans l’organisation, plus il est pertinent de passer d’indicateurs de résultats, comme le Tf, à des indicateurs d’actions ou de suivi. Ces derniers reflètent mieux la réalité opérationnelle : nombre d’actions préventives menées, formations suivies, inspections réalisées, ou comportements sécuritaires observés. Ainsi, une approche graduée des indicateurs, adaptée à la taille des collectifs et à leur niveau de responsabilité, permet une évaluation plus fiable de la performance en santé et sécurité au travail.

EN SAVOIR PLUS

Les domaines à outiller par des indicateurs

Des indicateurs du domaine sécurité santé pourront être développés dans 4 domaines en écho aux 4 étapes du chemin de la performance en SST (voir PIC n°151) : l’exercice de la responsabilité de l’employeur (notamment matériels, process, équipements, et fonctionnement de l’organisation en toute SST) ; le climat dans l’équipe, témoin de la posture du manager, le niveau d’exigence du management et des acteurs, l’existence d’une culture sécurité.

A RETENIR

Un bon indicateur respecte les points suivants :

- Pertinence : indications significatives par rapport à l'objectif considéré

- Efficience : l'effort pour récolter des données est raisonnable

- Simplicité : compréhensible et logique pour chacun

- Disponibilité : les chiffres sont à disposition au moment opportun

- Exactitude : donne une mesure fiable

Photo © Getty Images

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