Campagne contre le risque collision
La mécanisation a profondément transformé les chantiers du BTP, augmentant leur performance et allégeant le travail des compagnons. Mais ces engins, indispensables à la productivité, représentent aussi une source majeure de danger pour les piétons évoluant à proximité. Une organisation des flux insuffisante, des angles morts, un moment d’inattention… peuvent avoir des conséquences dramatiques. Chaque année, entre 10 et 20 accidents graves ou mortels surviennent dans le BTP ; la moitié sont mortels. Les TP concentrent environ 70 % de ces accidents, contre 30 % pour le Bâtiment, et toutes les tailles d’entreprises sont concernées.
Afin de mieux comprendre la perception du risque de heurt engin-piéton, l’OPPBTP a mené une vaste enquête nationale en partenariat avec les SPST et les organisations professionnelles. 3 661 professionnels ont répondu, représentant la diversité du secteur. Les résultats révèlent une forte exposition : 47 % travaillent quotidiennement à proximité d’un engin, et 21 % plusieurs fois par semaine. Les véhicules les plus fréquents sont les véhicules légers (69 %), les poids lourds (42 %), les mini-pelles (34 %) et les chariots élévateurs (30 %). Par ailleurs, 14 % déclarent avoir déjà vécu un heurt directement ou indirectement : 65 % ont vu un collègue victime, 29 % ont été témoins.
Vigilance et responsabilité individuelle
Les causes les plus citées sont « l’inattention du conducteur » (69 %), « l’inattention du compagnon au sol » (59 %) et « l’organisation du chantier » (46 %). Cette focalisation sur la vigilance illustre la prépondérance accordée à la responsabilité individuelle. Pourtant, si 85 % des sondés se disent bien informés sur le risque, les pratiques montrent un écart : parmi les 57 % qui mènent des actions de sensibilisation, 40 % n’échangent pas sur le sujet, 28 % évoquent seulement le Caces, et 17 % organisent des réunions régulières. Peu d’entreprises mettent en place des ateliers pratiques. Le risque est connu, mais encore trop peu intégré dans la culture quotidienne de prévention.
Pour changer durablement les comportements, l’OPPBTP lance donc du 15 janvier au 14 mars 2026 une campagne nationale inédite, soutenue par l’ensemble des organisations professionnelles et syndicales du BTP, la Direction générale du travail, l’Assurance Maladie et les SPST. Dernière étape du plan stratégique @H2025, cette campagne complète d’autres actions comme le projet « Stop Collision », qui promeut les systèmes de freinage automatique d’urgence. Elle met l’accent sur le facteur humain-conscience du risque, vigilance, et meilleure organisation des flux.
> Ses trois objectifs sont clairs :
- Faire prendre conscience du risque de heurt engin-piéton.
- Sensibiliser tous les acteurs de la chaîne.
- Promouvoir les bonnes pratiques organisationnelles et humaines.
Son message central, « Le chantier, c’est pas un crash test », inspiré de l’univers des tests automobiles, met en scène des mannequins de crash test pour rappeler que le chantier n’est pas un terrain d’expérimentation : « chaque geste compte ».
La campagne se déclinera en affiches, vidéos, supports digitaux et kits de communication. L’OPPBTP déploie également de nouveaux outils pratiques : un module e-learning « quart d’heure sécurité », un guide des meilleures pratiques élaboré avec des entreprises du secteur, plusieurs webinaires thématiques, ainsi qu’une formation entièrement consacrée au risque de heurt engin-piéton. Ces ressources, accessibles à toutes les entreprises, visent à renforcer les compétences et à faciliter le passage à l’action.
Sur le terrain, un challenge national mobilisera les équipes : entre janvier et mars 2026, les entreprises sont invitées à organiser un « ¼ d’heure sécurité » pour sensibiliser leurs collaborateurs et partager leur engagement en ligne via le hashtag #HEP2026. Par ailleurs, des ateliers et événements régionaux viendront compléter l’opération, autour de cinq modules : angles morts, gestes et manœuvres, accidentologie, causes et solutions de prévention.
« Le risque de heurt engin-piéton reste l’un des risques prioritaires sur nos chantiers. Il est parfois perçu comme familier, alors qu’il nécessite une vigilance de chaque instant. Avec cette campagne, nous voulons renforcer la prise de conscience et rappeler que l’organisation du chantier, la coordination des flux et la capacité à anticiper sont des leviers essentiels », conclut Paul Duphil, secrétaire général de l’OPPBTP.




