Absentéisme : toujours en hausse !

Le baromètre 2024 du groupe Apicil, réalisé avec le cabinet JLO, révèle une légère hausse du taux d’absentéisme en entreprise, passé de 4,27 % en 2023 à 4,41 % en 2024. Bien que ce niveau reste inférieur à celui de 2022 (4,61 %), la progression traduit une tendance durable qui interpelle les employeurs et les pouvoirs publics. L’enquête, menée auprès de 53 000 entreprises et plus d’un million de salariés, montre que 26,98 % des travailleurs ont connu au moins un arrêt maladie, contre 26,32 % l’an passé. Chaque salarié concerné a enregistré en moyenne 1,83 arrêt d’une durée stable de 19,85 jours.
Le micro-absentéisme, soit les arrêts de moins de trois jours, connaît une forte expansion : il est passé de 19,68 % à 21,92 % (+2,24 points). Dans le même temps, les arrêts longs de plus de 90 jours progressent (5,13 %, +0,24 point). Les maladies ordinaires constituent toujours le principal motif d’absence (90,94 % des cas), loin devant les accidents du travail (4,55 %) et les temps partiels thérapeutiques (3,43 %). Si les maladies professionnelles ne représentent que 0,20 % des arrêts, elles engendrent en revanche des absences prolongées de 121,73 jours en moyenne.
Affections psychiques : + 117 % !
Les troubles psychologiques – dépressions, burn-out – émergent comme le facteur dominant des arrêts prolongés. Ils concernent 40 % des arrêts longs, devant les troubles musculosquelettiques (environ un tiers). L’Assurance maladie confirme cette tendance, enregistrant une hausse spectaculaire de 117 % des affections psychiques reconnues comme maladies professionnelles entre 2019 et 2023. Les jeunes actifs sont particulièrement vulnérables : en 2024, 27 % des 30-39 ans ont traversé un épisode dépressif ou un burn-out. Cette situation a conduit le gouvernement à désigner la santé mentale comme grande cause nationale en 2025 et à initier une charte d’engagement pour la santé mentale au travail.
De fortes disparités marquent l’absentéisme selon les catégories socioprofessionnelles et démographiques. Les ouvriers présentent un taux de 6,54 %, contre 2,36 % pour les cadres. Les salariés de plus de 60 ans affichent 5,68 % d’absentéisme, soit 1,74 fois plus que les moins de 30 ans (3,26 %). Toutefois, seuls 18,66 % des seniors ont eu au moins un arrêt, contre 30,04% des trentenaires, signe d’une concentration des absences sur une partie des salariés. Les femmes sont davantage touchées (5,19 % contre 3,60 % pour les hommes), tout comme les travailleurs à temps partiel (5,01 %) et ceux ayant plus de dix ans d’ancienneté (5,16 %).
Certains secteurs se distinguent par leur vulnérabilité élevée : la santé, l’économie sociale et l’éducation atteignent un taux moyen de 5,68 %, devant l’industrie et le BTP (4,59 %) puis le commerce et le transport (4,33 %). Les services aux entreprises, en revanche, enregistrent les taux d’absence les plus faibles.
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Photo d’illustration © Getty Images